San Francisco Diaries: Jour 1

Nous atterissons aux alentours de 21H (6H pour vous amis belges) à San Francisco Airport. Au loin, les lumières de la « City By The Bay » (un des 11657300_10206976907719339_227734854_nnombreux surnoms de la ville) nous font de l’œil. Heureusement, notre taximan n’a pas le pied léger et une demi-heure plus tard nous déposons nos bagages dans la chambre de l’auberge de jeunesse qui sera notre première résidence pour les 7 prochains jours (nous établirons ensuite nos quartiers dans une maison trouvée sur Airbnb). Si l’SF European Hostel n’a pas spécialement fière allure, il a l’avantage d’être idéalement situé dans le quartier central de Mid-Market, qui est une excellente base pour l’exploration de la ville. D’autant plus que la zone, historiquement défavorisée et servant de refuge à de nombreux sans-abris, est aux centre des débats concernant la gentrification depuis que Twitter et d’autres entreprises estampillées « 2.0 » y ont établis leurs quartiers. Après une courte nuit, nous nous levons de bonne heure pour rencontrer Shawn Bullen, notre premier contact sur place, à Noe Valley. Artiste-peintre originaire de Chicago, il vit ici depuis un peu plus d’un an et compte plusieurs « murals » (fresques sur mur en extérieur) à son actif. Il nous explique que le mot « gentrification » est sur toutes les lèvres en ce moment et ne laisse personne indifférent ici, ce que nous confirme immédiatement le très sympathique serveur du restaurant où nous nous trouvons, happés par notre conversation.

Ce qui est intéressant avec notre ami Shawn, c’est qu’alors que le sujet divise presque toute la population en deux factions pratiquement « ennemies », lui semble s’être trouvé une place au centre de la question. En tant que pein11354706_10207401579457245_876065604_ntre de rue « légal », une grosse partie de ses commandes lui viennent maintenant d’individus appartenant à cette nouvelle classe de gens aisés travaillant dans le secteur des technologies numériques. Ceux d’entre eux qui possèdent une certaine sensibilité artistique ont largement les moyens d’investir beaucoup d’argent pour assouvir leurs envies. Shawn reconnait que sans eux, sa situation serait bien moins évidente et ne lui permettrait peut-être plus de rester vivre en ville. D’un autre côté, il est très conscient des impacts qu’on ses œuvres sur les quartiers où elles sont peintes. « Regardez le quartier de Mission. Si vous y rencontrez une fresque à tous les coins de rue, c’est parce qu’il s’agissait autrefois d’un quartier à problème dans lequel on a voulu remettre de la vie. Mais petit à petit ces fresques sont devenus une véritable attraction touristique, et c’est une des raisons pour lesquelles ce quartier est aujourd’hui devenu hors de prix et très prisé par les développeurs », explique-t-il. Il nous raconte qu’aujourd’hui cette question lui revient perpétuellement à l’esprit lorsqu’il peint. Il sait que chaque œuvre risque d’influencer la valeur de l’immobilier dans les quartiers où elle se trouve. Mais aussi qu’à terme, elle aura un impact positif sur la sécurité et la convivialité de ce quartier.

« Il faut que les gens, et surtout dans la communauté artistique, se rendent compte qu’on ne changera pas les problèmes de cette ville si on continue à considérer les techies comme des ennemis »

Alors qu’il essaye d’organiser un festival de « murals » dans son quartier de Bayview (un quartier fortement touché par l’insécurité mais où il a choisi de s’installer car c’est d’après lui l’unique endroit de San Francisco où l’on peut encore trouver des loyers décents) pour rassembler les jeunes autour de l’art, Shawn déplore que certains membres de la communauté « street-art » l’accusent d’ être un vecteur de gentrification. Cela alors que son projet, Imprint.City, se veut avant tout fédérateur et éducatif pour les jeunes du quartier. « Il faut que les gens, et surtout dans la communauté artistique, se rendent compte qu’on ne changera pas les problèmes de cette ville si on continue à considérer les techies comme des ennemis », conclut-il avant de nous donner rendez-vous dans deux semaines pour assister à sa prochaine session de peinture et de prendre congé pour se rendre à un festival à Los Angeles.

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Nous passons le reste de la journée à remonter à pied le quartier de Mission puis d’Haight Ashbury avant de nous effondrer dans nos lits superposés. Buenas Noches!

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